Mondial Féminin en chine

Faux-départ pour les Bleues
L'équipe de France a complètement raté ses débuts dans ces Championnats du monde chinois, concédant une défaite inquiétante samedi face au Brésil (22-20). Malgré de l'envie et une belle fin de match, les filles d'Olivier Krumbholz ont montré leurs limites et grillé un précieux joker dans un groupe A bien compliqué.

Elles pouvaient difficilement faire pire. A l'heure de débuter un Mondial qui devait marquer le début d'une génération encore en cours d'apprentissage, le collectif des Bleues s'est délité d'entrée, samedi à Wuxi pour la première rencontre du groupe A face au Brésil, pourtant l'un des adversaire de la poule à sa portée. Une équipe que les Tricolores avaient également largement battu il y a de cela deux semaines lors du tournoi de Paris (26-18). Mais, l'enjeu a cette fois pesé lourd sur les frêles épaules bleues.

La rencontre débute pourtant tranquillement avec deux buts de Marion Limal (2-2, 3e). Mais Olivier Krumbholz n'aura droit qu'à trois minutes de quiétude puisque ses joueuses lui offrent ensuite un festival de passes ratées, tirs manquées et défenses laxistes, pour encaisser un premier gros éclat avec un terrible 6-0 (2-8, 13e).

Si le coach tricolore pose bien un temps-mort immédiatement suivi d'effet puisque Mariama Signate marque, le jeu offensif des Bleues ne s'en retrouve pas grandi et reste trop stéréotypé pour inquiéter les Brésiliennes (6-12, 27e). Sans doute inquiètes à l'idée de rejoindre les vestiaires avec un tel écart et de devoir essuyer les remontrances musclées de leur entraîneur, les Tricolores accélèrent pour revenir à quatre buts à la pause (9-13, 30e).

Déjà plus le droit à l'erreur

Comme une copie conforme de la première période, c'est Limal qui ouvre le compteur bleu, avant de sombrer avec toutes ses coéquipières (11-18, 45e), trop handicapées par les maladresses multiples et variées dont elles font preuve en attaque. Toujours largement menées à 10 minutes de la fin de la rencontre (13-20, 50e), les Françaises, et notamment Siraba Dembélé, meilleure marqueuse bleue avec 6 buts, vont avoir un dernier sursaut d'orgueil pour finalement échouer à deux buts au finale (20-22).

Un écart qui ne reflète finalement pas la physionomie d'un match dans lequel elles ne sont jamais vraiment entrées. Cette défaite fera toutefois tâche au moment des comptes finaux puisque les Brésiliennes restent des adversaires potentielles pour les Bleues quant à l'attribution de la quatrième place qualificative pour le deuxième tour. Il faudra donc battre l'une des trois favorites, l'Allemagne, la Suède ou le Danemark, dès dimanche.

AU PIED DU MUR
Rien ne va plus dans le clan tricolore. Impuissantes aux tirs face à Christina Pedersen, bousculées par la fougue de la gauchère danoise Camilla Dalby, les tricolores n'ont pas su sortir la tête de l'eau. Leur destin dans ce Mondial ne tient plus qu'à l'issue de la rencontre qui les attend demain, contre la Suède.

Ce n'était plus de la colère, mais presque de la détresse que l'on décelait dans la voix de Raphaëlle Tervel quelques minutes après la défaite des Bleues face au Danemark. « Je ne comprends pas, souffle la capitaine des Bleues. On a pourtant mis un peu plus d'engagement dès l'entame de match, mais on prend l'eau face à Dalby et en attaque placée, on est incapable de se mettre dans de bonnes situations. Terminer à huit buts, ça fait vraiment mal ».

Dimanche, les Françaises avaient pourtant pris la rencontre par le bon bout contrairement à l'entame de match catastrophique proposée face au Brésil samedi. Dès le premier tir scandinave, Amandine Leynaud s'est interposée et s'en est allée d'une relance sûre et précise clouer le bec de son homologue danoise. Histoire de lancer les siennes sur le bon chemin. Mais l'assurance affichée alors par la bande d'Olivier Krumbholz a été de courte durée.

Dalby et Pedersen, bourreaux des Bleues
En gaspillant très vite les ballons qui leur auraient permis de s'offrir un peu d'air, les Bleues ont laisser la porte ouverte aux joueuses de Jan Pytlick. La défense, pourtant plus ferme, n'a surtout pas su contenir les inspirations de Camilla Dalby, bourreau des tricolores. « Il y a eu du mieux dans le combat défensif, mais on s'est fait laminer dans les dernières minutes, concède Olivier Krumbholz. Elles sont montées en charge comme elles savent le faire quand elles dominent une équipe. Et puis, c'est vrai, on a été naïf sur Dalby. C'est aussi ça qui nous met dans le trou, en plus du fait d'avoir fait preuve d'une grande incompétence aux tirs ».

Car si Pedersen a brillé, les Femmes de défis lui ont malgré tout facilité la tâche en tirant presque systématiquement dans un secteur où elle a excellé dimanche. « On ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes », reconnaît même Amandine Leynaud. D'une certaine façon, le constat est presque rassurant. Si les Françaises avaient mis tous les ballons de contre au fond des filets, elles auraient sans doute chatouillé davantage leur adversaire. Il faudra de toutes façons se montrer bien plus efficace lundi soir face à la Suède. Sous peine de voir l'aventure tourner au cauchemar.

UN BON BOL D'AIR
Le succès sur la Suède s'est construit dans les vingt dernières minutes de la rencontre. Remobilisées après l'appel à la révolte poussé par Siraba Dembélé, les tricolores se sont jetées dans la bataille et sont désormais relancées dans la course au tour principal.



Olivier Krumbholz a évidemment loué le geste, l'initiative. Il a même affirmé que sans ce coup de gueule poussé juste avant la reprise, les Bleues ne se seraient peut-être pas imposées face aux Suédoises. Déjà, lundi matin, on avait senti chez l'ailière de Toulon et de l'équipe de France une sorte d'agacement. De ras le bol. Alors quand les Bleues sont retournées au vestiaire avec quatre buts de déficit, elle a laissé éclater son mécontentement. Pour réveiller ses copines. « J'ai simplement dit que cela n'était pas possible d'être éliminées deux fois de suite d'une compétition internationale dès le premier tour (après l'Euro en Macédoine, il y a un an), et qu'il fallait mettre nos tripes sur le parquet.»

Qui sait si cet épisode ne constituera pas un déclic dans l'aventure des Femmes de Défis. Les vingt dernières minutes de la rencontre, exemple d'intensité défensive et d'abnégation collective, pourraient bien être le fondement d'une nouvelle dynamique. « Il s'est passé quelque chose quand Siraba a trouvé les mots. Le groupe a trouvé les ressources. Il y a encore eu beaucoup d'erreurs, consent Olivier. Mais cela reste une bonne chose. On n'a pas gagné de trois buts (calcul pour le classement), il va falloir se battre sur les deux derniers matches pour se qualifier. Mais au vu des quarante premières minutes, il faut se réjouir de la victoire arrachée dans la douleur. »

Même si rien n'est joué, même si pour s'assurer une place au tour principal, les tricolores doivent impérativement s'imposer lors des deux dernières rencontres face au Congo et à l'Allemagne, le vent de révolte qui a soufflé lundi dans le Wuxi Sport Center pourrait mettre les Bleues en orbite.

« Ce résultat va nous redynamiser. Parce que le jeu a évolué, il y a eu plus de continuité. Même s'il y a eu encore trop de fautes de mains, trop d'échecs aux tirs qu'il faudra gommer rapidement. Il faut continuer à avancer avec cet état d'esprit. »

Infirmerie :
Très en verve en début de partie face à la Suède, l'ailière de Metz et de l'équipe de France, Katty Piéjos, a été évacuée dans le premier quart d'heure, et souffre visiblement d'une problème musculaire à la cuisse gauche.

JUSTE L'ESSENTIEL

Les Françaises n'ont pas brillé face au Congo.
Bien moins habiles en défense que contre à la Suède, parfois trop passives devant les appuis surprenants de leurs adversaires, elles se sont malgré tout appliquées face au but et sont allées chercher deux points qui leur offrent de jouer leur qualification, jeudi, face à l'Allemagne.

Olivier Krumbholz l'avait annoncé mardi, face au Congo, le score n'avait pas réellement d'importance, seule la victoire comptait. Bien sûr, on aurait préféré voir les Françaises poursuivre leur montée en charge après le succès face aux Suédoises. Histoire de se mettre dans les meilleures dispositions avant d'aborder ce qui ressemble à un huitième de finale face aux Allemandes.

Devant les Africaines, les Bleues ont encore échappé trop de ballons. La défense n'a pas proposé cette constance qui fait souvent la force de l'armada tricolore. Parfois trop naïve, surprise par les pénétrations adverses. « Vu le match qu'on a fait, les deux points, heureusement qu'on les a, s'agace presque Paule Baudouin. Je pense qu'on aurait pu mieux faire, on a subi en défense, on a pris des coups sans les rendre ».

Il faut malgré tout noter que certains schémas ont fonctionné. Les montées de balles, d'une part, qui ont permis aux filles d'Olivier Krumbholz d'éloigner peu à peu le danger. Siraba Dembélé et Blandine Dancette, qui faisait sa première apparition dans ce Mondial, n'ont pas été maladroites dans l'exercice. « C'est vrai qu'on n'a pas attaqué le match comme il le fallait, qu'on a perdu pas mal de ballons, souligne malgré tout l'ailière de Nîmes. Mais je crois qu'on a été un peu meilleures aux tirs. Qu'on a retrouvé le chemin du but. Ce qui déjà est une satisfaction ».

C'est un fait. Les tricolores se sont davantage appliquées face au but. Préférant le tir à rebond aux shoot forcés. Il fallait au moins se rassurer sur ce point, prendre un peu plus d'assurance après trois premiers matchs où elles avaient rencontré des difficultés dans le domaine.

Face aux Allemandes demain, il faudra compiler toutes les bonnes choses observées au fil de la compétition. Il faudra assurément bien débuter, retrouver toute l'intensité des vingt dernières minutes face à la Suède en défense. S'appuyer sur ces fondamentaux pour pousser les ballons en contre-attaque et laisser, pourquoi pas, l'instinct, le plaisir, prendre le dessus. Alors, qui sait, si la France, malgré ses débuts empruntés, ne décrochera pas son billet pour le tour principal.

EBLOUISSANTES !
Les Bleues n'ont pas manqué le rendez-vous. En s'imposant face à l'Allemagne, en maîtrisant parfaitement une partie qui prenait des airs de guerre des tranchées, elles se sont qualifiées pour le tour principal, avec deux points en poche et l'envie tenace d'y saisir leur chance.

C'est donc ainsi que se construit l'histoire de cette équipe. Face aux Allemandes, les Femmes de défis « ont refusé la défaite », se réjouit Olivier Krumbholz. Refusé de sortir une seconde fois par la petite porte, après la déroute de l'Euro 2008 en Macédoine, de ne pas, surtout, montrer l'ampleur de leur talent, la force de leur état d'esprit.

Car si on les avait trouvées maussades, presque tristounettes depuis le début du Mondial, les Bleues, jeudi, brillaient de mille feux. Capable des plus belles extravagances. Culottées, insoumises. Ce match-couperet face à l'Allemagne, pourtant très en jambes depuis le début des échanges à Wuxi, a tourné à la leçon, avec pour maitresses d'école, les tricolores. «L'équipe d'Allemagne n'a jamais trouvé de solutions, on les a étouffées », souligne encore le coach français. « Et puis elles en avaient un peu ras le bol de ne pas réussir ce qu'elles voulaient, il y a eu un surplus de motivation. Mantenant, on va jouer notre chance, avec moins de pression, même si aujourd'hui, la pression on s'en est bien servie. »

Ayglon : "On avait la rage !"
Totalement déboussolées par la défense 2-4, impuissantes face à une Amandine Leynaud des grands jours, les Allemandes ont en effet complètement sombré en seconde période. N'inscrivant que cinq buts, multipliant les pertes de balles. Laissant les Françaises se régaler en contre-attaque. Se sublimer, enfin. « C'est la rage tout simplement, sourit Camille Ayglon. On avait les boules de ce qu'on avait fait avant. On savait qu'on pouvait faire de grandes choses. On voulait prouver que le match face à la Suède, ça voulait dire quelques chose. Après le match de qualification contre la Croatie, on a un nouveau match référence. »

Le contrat est rempli. Les Bleues seront donc de la partie au tour principal. Elles y retrouveront la Russie, l'Angola et l'Autriche. Avec deux points en poche, elles peuvent même ambitionner de jouer un rôle à Yangzhou.

LA RUSSIE DANS LE VISEUR
Les Bleues n'ont pas fléchi. Moins lumineuses que devant l'Allemagne, elles ont malgré tout parfaitement contré les Angolaises. Les voilà désormais face à leur destin. Dimanche, face aux Russes, impressionnantes contre la Mannschaft, les Femmes de Défis ont l'occasion de se frayer un chemin vers les demi-finales.

Il fallait le faire. S'imposer, enchaîner après le succès concluant face à l'Allemagne, il y a deux jours, du côté de Wuxi. Prendre date, aussi, histoire de dire au monde qu'il faudrait compter avec elles dans la course aux demi-finales. En s'appuyant à nouveau sur une défense en 4-2 efficace, magnifiquement exploitée par Allison Pineau, Raphaëlle Tervel, Mariama Signaté et Camille Ayglon, la bande d'Olivier Krumbholz a fait front.

S'accomodant du rythme saccadé de la partie. En se montrant sérieuses, appliquées. Intransigeantes. Une fois encore, les Bleues ont récupéré un grand nombre de ballons, s'octroyant ainsi le droit de creuser l'écart en contre-attaque. Quelque fois maladroites, tout de même, face au but adverse, elles ont malgré tout affiché la même envie, le même caractère bien trempé que face aux Allemandes. Plus tranchantes en attaque, solidaires en défense, les Bleues ont su contenir la vista angolaise. « C'est une bonne nouvelle de gagner ce match en le maîtrisant, résume Olivier Krumbholz. Deux problèmes malgré tout, d'abord on a pris des coups, il y a quelques bobos. Ensuite, il y a encore ces soucis aux tirs, heureusement comme on a eu beaucoup de minutions, ça a suffi aujourd'hui. »

Croquer à pleines dents
Cela ne sera peut-être pas le cas demain, dimanche, face à la Russie. Les tenantes du titre ont affiché une grande sérénité en dominant aisément des Allemandes visiblement échaudées par la correction infligée par les Françaises lors du tour préliminaire. Toujours invaincue dans ce Mondial, la troupe de Trefilov se dresse désormais sur la route des demi-finales. Lors de leur dernière confrontation, à la World Cup il y a un an, les Bleues s'étaient imposées. Mais personne n'a oublié ce douloureux quart de finale des JO de Pékin, guerre des tranchées, qui avait finalement souri aux Russes.

A Yangzhou, les Femmes de défis n'ont plus qu'une idée en tête, croquer à pleine dents dans le monstre sacré. Ne pas laisser filer cette opportunité de décrocher, qui sait, une breloque, dans quelques jours à Nanjing. « Elles n'ont pas l'habitude de jouer la 2-4, assure Amélie Goudo, très en verve face aux Angolaises ce jour. Je pense qu'on peut réussir à les faire déjouer. On va y aller avec les crocs, on ne va rien lâcher parce que ça nous tient à coeur, qu'on a une carte à jouer. J'ai vraiment hâte d'y être ». Nous aussi !

UN SCÉNARIO COMPLÈTEMENT FOU !
C'est un double séisme qui a ébranlé le palais des sports de Yangzhou, dimanche. D'abord, les Françaises ont croqué à pleines dents dans l'ogre russe, invaincu jusqu'alors. Puis l'Angola a totalement dominé le Danemark. Offrant ainsi aux Bleues d'avoir leur destin entre leurs mains sur la route des demi-finales, qui s'élargit de plus en plus.

Il a suffi de quelques heures, à peine. Deux, pour être exact. Deux heures, oui, pour changer le cours d'un destin ! Celui de l'équipe de France. Lui offrir, surtout, la possibilité de se qualifier pour les demi-finales en battant l'Autriche, sans être dépendant d'un quelconque autre résultat.

Personne ne l'ignorait. Pour rester vivantes dans ce Mondial 2009, les tricolores se devaient de ne pas perdre devant la grande Russie de Trefilov, tenante du titre et invaincue depuis le début des échanges en Chine. Dès le succès sur l'Angola acquis, samedi, on avait senti une envie, un désir fou de se prendre au jeu, de rêver un peu plus. De ne pas en rester là.

Dimanche, les Bleues ont su se montrer patientes. Elles n'ont jamais paniqué, jamais perdu leur sang froid. Pas même, quand elles étaient menées de cinq longueurs, à vingt minutes du terme. Non, elles se sont battues, avec rage, avec le coeur. Ont osé, ont gratté le cuir, jeté leurs forces dans une défense étagée en 4-2 qui leur va si bien. Et qui fait si mal à l'adversaire. La troupe de Trefilov, elle, a perdu le sens du jeu, n'a plus, alors, trouvé de solution. Et quand bien même elle parvenait à se retrouver face au but tricolore, Cléopâtre Darleux et Amandine Leynaud leur ont fait comprendre que ce n'était pas le jour pour battre l'équipe de France. Pleines de culot, les Françaises ont tout tenté. A l'image de ce tir en pleine lucarne, crâne, de Marion Limal, de ce chabala sur jet de sept mètres d'une Paule Baudouin, enfin retrouvée. Minute par minute, la joyeuse bande d'Olivier Krumbholz a grappillé le score, est revenue à hauteur. Avant de mener. Et de ne plus lâcher prise. L'aubaine était trop belle. Un but. " Il suffit de marquer plus de buts que les Russes ", souriait « Poly » quelques heures avant la rencontre. Un seul, cela suffit.

D'autant que quelques heures après ce succès sur un des ténors du handball mondial, les intrépides angolaises sont allées mettre à genoux les Danoises. Agglutinées devant l'écran de Raphaëlle Tervel, les Bleues n'ont pas raté une miette de cette fin de rencontre. Et pour cause, la victoire des championnes d'Afrique leur permet désormais d'avoir toutes les cartes en main sur la route des demi-finales. Une victoire sur l'Autriche, mardi, les expédieraient directement dans le dernier carré. Un match nul aussi. Et une éventuelle défaite, si elle était suivie d'un revers infligé par le Danemark à la Russie, leur ferait suivre le même chemin. Un chemin, si étroit dimanche matin, qui devient bien moins escarpé. Bien moins utopique, desormais. La France se prend à rêver à un dernier carré qui semblait presque inaccessible il y a quelques jours. Elle se prend à rêver à une trajectoire ascendante, heureuse. Parce qu'avec ces filles là, oui, tout devient possible.

SANS PEUR ET SANS REPROCHE
L'équipe de France n'a pas flanché, loin de là. En corrigeant sévèrement l'Autriche, mardi à Yangzhou, elle a validé son billet pour les demi-finales où elle retrouvera l'Espagne. La troisième de l'histoire du handball féminin français dans un Mondial. Et l'aisance affichée par les Bleues laisse augurer de belles choses pour le week-end qui s'annonce.

Qui l'eût cru ? Qui aurait seulement misé quelques piécettes sur cette équipe de France, il y a dix jours ? Alors chancelantes face au Brésil à Wuxi, mal-en-point devant le Danemark. Qui aurait imaginer ce scénario improbable ? Cette chevauchée fantastique. Cette métamorphose soudaine, inattendue. Presque inespérée. Ces Bleues-là ont du coffre, de l'envie à revendre. Et du talent. Tellement de talent.

On ne sait toujours pas dire, aujourd'hui, les raisons, les motivations, qui les ont poussées à se réaliser, à s'épanouir pleinement. A trouver les ressources nécessaires pour se frayer un chemin jusqu'au dernier carré. Mais qu'importe. « Peut-être que notre force, c'est simplement qu'il n'y ait pas de stars dans cette équipe, souligne pourtant Camille Ayglon. Que le danger peut venir de partout. » Que ces filles sont capables de tout. De renverser n'importe quelles montagnes.

En s'appuyant sur ses forces, ses savoir-faire. Sur cette défense étagée en 2-4 si séduisante, si efficace. Sur des montées de balles meurtrières. Et cette réussite paranormale retrouvée face au but. Ou est-ce simplement la fureur de vivre, une envie pressante, puissante, de poursuivre l'aventure qui les pousse ainsi à se sublimer.

Sans complexe
Face à l'Autriche, ce n'est pas simplement le supplément d'âme qui a prodigué ses effets, mais bien la rigueur, le sérieux appliqué avec précision par les tricolores. La France a parfaitement endossé le rôle de trouble-fête face à l'Allemagne et la Russie. Elle a tenu son rang, mardi. Et revêtira celui d'invité surprise, vendredi à Nanjing, sans complexe. « On ne veut pas s'arrêter là », promet Mariama Signaté. Tout est désormais possible. La route est ouverte. La vista qui anime désormais les demoiselles d'Olivier Krumbholz semble inaltérable. A l'image de la fougue de Paule Baudouin, du culot de Cléopâtre Darleux et de toutes leurs copines.

Revenues de nulle part, d'un autre monde où rien n'augurait un tel destin, les Femmes de défis sont en demi-finale. Leur joie est à la hauteur de l'exploit, qui ne tient, finalement, pas du miracle. C'est certain, désormais, elles feront mieux qu'en 2007, mieux qu'en 2008. Parce qu'elles en ont envie, tout simplement.

Voilou cher Brikou,
J'espère que cela te convient mieux maintenant que j'ai rajouté la suite de la compétition.
En tout cas un grand merci à toi de surveiller attentivement ce forum et de me faire remarquer ce qui cloche. Et encore toute mes excuses pour ma tendance à la procrastination.
A+

PHÉNOMÉNALES !
Elles sont immenses. Les joueuses de l'équipe de France n'ont pas laissé filer l'occasion de donner un sens à leur extraordinaire aventure. Monstrueuses en défense, désormais habiles et crânes en attaque, elles ont étouffé une équipe d'Espagne incapable de contourner la muraille tricolore. Les voilà en finale du Mondial, où elles retrouveront les Russes, tenantes du titre, dimanche.

Elles n'ont pas trouvé les mots pour dire leur bonheur, cette joie immense d'en être arrivées là. D'avoir défié les lois qui régissent le haut niveau, d'avoir chahuté, bousculé, renversé la hiérarchie. Certaines se sont écroulées sur le sol, en larmes. D'autres ont hurlé, souri, dansé. « Je n'en reviens pas, soupire Allison Pineau, les yeux brillants. C'est magique ! Il y a dix jours, on perdait contre le Brésil et le Danemark, aujourd'hui, on est en finale, c'est complètement fou ! »

De la folie, oui. De voir ces filles-là, cette bande de copines se construire, peu à peu, une identité au fil des rencontres. S'anoblir, se hisser parmi les plus grandes. « Elles le méritent, sourit Olivier Krumbholz. Elles n'ont rien lâché, se sont battues pour en arriver là. On va savourer ces moments ».

Ayglon : "On est allé la chercher cette finale !"
Certainement pas favorites face à l'Espagne, vice-championne d'Europe en titre, Raphaëlle Tervel et sa bande se sont, une nouvelle fois, appuyées sur leurs qualités défensives pour déstabiliser des Espagnoles si efficaces dans l'exercice du débordement. « On a maîtrisé Aguilar, qui avait puni pas mal d'équipes depuis le début du Mondial. Cela a ouvert des portes pour l'autre artificière Marta Mangue, résume Camille Ayglon, déterminante sur son poste d'arrière droite. On est allé là chercher cette finale ! »

Une finale que les Bleues disputeront aux Russes, double tenantes du titre. Bien sûr, la France s'était imaginée un sommet face à la Norvège, 10 ans après Lillehammer. Dix ans après l'épopée de 1999 qui avait sorti le handball féminin français de l'anonymat, l'avait vue éclore aux yeux du monde.

Parce que, finalement, l'histoire des Tricolores version 2009 n'est pas si différente de celle de leurs prestigieuses aïeules. Les Françaises sont là où personne ne les attendait. Où tout le monde pronostiquait déjà une affiche avec la Roumanie, ou l'Allemagne face aux monstres russes et norvégiens. Mais elles sont là. Et elles ont encore faim. « Un truc comme ça, ça ne se vit peut-être qu'une fois dans une vie », réalise Amandine Leynaud. Une fois, cela peut suffire...

L'ARGENT FAIT LEUR BONHEUR
Bien sûr, elles auraient préféré accrocher la pépite en or, mais les Françaises, battues par la grande Russie en finale, n'ont pas à rougir. Les voilà vice-championnes du Monde, dix ans après la première médaille mondiale décrochée par le handball féminin français, en 1999.

On n'oubliera pas, jamais, que passée la déception d'avoir échoué face aux Russes, incontestablement la meilleure armada de la planète, cette médaille d'argent vaut presque tout l'or du monde. Que les filles qui sont allées la chercher, en puisant au fond de leurs entrailles l'énergie, la fougue et l'envie d'avancer toutes ensemble, sont les dignes héritières de la génération de 1999 qui, dix ans avant les agapes de Nanjing, avait offert à la France du handball féminin ses premières heures de gloire.

On n'oubliera pas, non, que ces nanas-là sont pleines de vie, de générosité et de talents. Qu'elles n'ont jamais pêché dans l'investissement, qu'elles sont allées au bout d'elles-mêmes. Qu'il fallait, assurément, avoir du cran, de la force et du courage pour se relever après des débuts catastrophiques qui laissaient alors penser que cette équipe de France ne reverrait jamais le jour. Oui, ce 20 décembre restera à jamais gravé dans le marbre, parce qu'il marque le commencement d'une belle histoire. Une histoire débutée il y a six mois du côté de Lyon, face à la Croatie. Où, déjà, dos au mur, la troupe d'Olivier Krumbholz avait su puiser dans ses ressources pour dégoûter l'adversaire et se qualifier pour ce Mondial en Chine.

"Un podium, on y prend goût"
On retiendra aussi que, si les Russes de Trefilov sont, pour la troisième fois de suite championnes du Monde, elles ont été battues une fois dans ce tournoi. Par une seule équipe. Par l'équipe de France. La joie ne peut donc pas avoir de limites au crépuscule de ces championnats du Monde. Car l'horizon rayonne désormais. "Il faut continuer à travailler, souligne malgré tout Olivier Krumbholz. Mais les filles ont toutes les qualités pour exister dans le handball moderne". Elles ont la fraîcheur, la rigueur, la fureur de vivre. Elles ont le cran nécessaire, un culot indiscutable. Le désir fou, la gourmandise, surtout, de poursuivre leurs rêves, de leur donner, au plus vite un sens. "C'est un vrai bonheur, sourit Camille Ayglon. Monter sur un podium, porter une médaille autour du cou, on y prend goût, forcément".

Un goût de reviens-y. Le besoin viscéral de rééditer l'aventure. De se fixer de nouveaux objectifs. Parce que rien, désormais, ne sera plus comme avant. Parce que de Wuxi à Yangzhou, de Yangzhou à Nanjing, les Tricolores ont écrit le premier pan de leur histoire. Une belle et délicieuse histoire. Une histoire merveilleuse aux airs de conte de fées dont elles ont été les sublimes actrices. On retiendra tout ça. On n'oubliera aucun des sourires. Surtout pas celui de Raphaëlle Tervel, trentenaire, aînée des Femmes de défis, heureuse comme une gamine. Ni les yeux pétillants de Marion Limal, ni les clins d'oeil cocaces de Camille Ayglon. Chacun se souviendra que cette fin d'année 2009 aura été exquise. Terriblement exquise.